Lancée sur un coup de tête en 2011, la Brasserie de la Lesse a pris un tournant important il y a quelques semaines en doublant sa capacité de production.

L’origine du projet

L’aventure a démarré en 2011 avec une bande de copains. Ces amis ont monté une confrérie dans un village (près de Rochefort, ndlr). Amateurs de bières, ils en ont créé une qui s’est modestement vendue dans les villages aux alentours. Le propriétaire d’une brasserie située à Eprave, près de Rochefort, a proposé à cette bande d’amis de réinvestir dans du matériel. Après réflexion, ils ont décidé de lancer leur propre brasserie avec un impératif : développer une forme d’entreprise participative.

Le choix du modèle coopératif

« Nous souhaitions développer un modèle qui prenne en compte des facteurs de développement durable, de gestion participative et de circuit court. Nous avons donc proposé à des citoyens de participer à notre projet en achetant une part dans la coopérative au prix de 250 euros. Les parts permettent, en plus d’obtenir un retour sur investissement, de participer à la vie de la brasserie. Chaque coopérateur dispose d’une voix, ce qui offre donc à chaque coopérateur la possibilité de donner son avis. La brasserie compte actuellement 400 coopérateurs. » explique Julien Collard, responsable commercial de la Brasserie.

Selon Norbet Buysse, un des fondateurs, le choix de la forme coopérative a été une des clés du succès du projet : « les coopérateurs ont adhéré au projet et, au-delà de leur participation financière, certains coopérateurs se sont vraiment impliqués dans le projet. Nous avons ainsi pu profiter dès le départ d’un vivier de compétences comme un électricien, un graphiste… »

Comment les coopérateurs peuvent-ils prendre part aux décisions ?

Une fois par an, les coopérateurs sont conviés à une assemblée. Nous leur exposons les projets en cours, les bilans annuels et les perspectives. Ce sont les coopérateurs qui valident le bilan comptable et les décisions du conseil d’administration. Le conseil d’administration, composé de personnes plus impliquées, se réunit tous les deux mois. La brasserie est quant à elle gérée par quatre indépendants, équipe dont je fais partie. Nous sommes en fait mandatés par le conseil d’administration et l’assemblée générale pour faire tourner la brasserie. En somme, les coopérateurs sont nos patrons.

Y a-t-il des projets que vous n’auriez pas pu concrétiser sans l’aide des coopérateurs ?

Absolument. Nous avons récemment déménagé et investi dans du matériel neuf. Le coût total était supérieurs à un million d’euros et les coopérateurs, grâce à leurs parts, ont investi l’équivalent de 300 000 euros. Un coopérateur investit par ce biais son argent ailleurs que sur un compte en banque. Nous avons complété l’investissement par différents apports, dont des aides publiques et les banques. Nous essayons toutefois de limiter l’implication des banques.

Les coopérateurs : Une force de vente

« Mais surtout, ce sont les coopérateurs qui ont assurés la commercialisation de nos bières. Tout d’abord en étant eux-mêmes clients mais surtout en promotionnant partout autour d’eux nos produits. »

Des produits appréciés tant pour leur qualité que pour leur positionnement. « On avait senti qu’il y avait une place sur le marché pour une bière 100% bio, produite localement avec une matière première dont on peut contrôler l’origine. Nous sommes toujours restés fidèles à cette ‘stratégie’ » précise Norbert. « On a lancé nos propres cultures d’orge brassicole bio et de houblon bio, en collaboration avec des cultivateurs et des négociants wallons. On vend exclusivement via des petits revendeurs et dans l’Horeca, rien via la grande distribution et rien à l’exportation. On garantit un prix de vente juste qui permet aux commerçants de réaliser une marge suffisante. La finalité est locale ! »